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Un travailleur migrant qui meurt est déjà mort plusieurs fois avant et a plusieurs tueurs

Dans ces nombreux moments de morbidité, le tueur n'est pas une personne ou une entité, mais de nombreuses personnes au cœur dur, provenant de différents endroits, utilisant différentes méthodologies, toutes animées par un motif unique : l'exploitation et l'extraction
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Six mille cinq cents travailleurs migrants sont décédés au Qatar dans le cadre de la préparation de la Coupe du monde 2022 qui vient de s’achever.  Depuis l’attribution de l’organisation du tournoi au Qatar en 2011, les estimations montrent que plus de 6 500 personnes, originaires particulièrement du sous-continent indien et d’Asie en général, et un certain pourcentage d’Afrique, sont mortes dans le cadre de divers projets de construction liés à ce tournoi.  C’est la raison pour laquelle le Qatar a été mis sur la sellette pour les mauvais traitements qu’il a infligés aux travailleurs migrants et qui ont causé autant de morts. Au cours des trois derniers mois précédant le coup d’envoi du tournoi (de juillet à octobre environ), le Qatar a fait l’objet d’une surveillance encore plus accrue sur plusieurs autres points, principalement de nature culturelle, de la part d’une fraternité médiatique exclusivement occidentale. Malheureusement, la plupart de ces critiques ont été formulées de manière maladroite et explicitement orientaliste et islamophobe, en cherchant à remettre en question les cultures et les traditions des Qataris, et des musulmans en général.  Quelque chose comme “à quel point peuvent-ils être barbares et arriérés en ce 21e siècle ?”. Il y a eu des menaces de boycott du tournoi et de nombreux amateurs de football en Europe et en Amérique du Nord – devenus des militants culturels et pro-migrants – n’ont jamais regardé le tournoi.  Alors que les habitants du Moyen-Orient et les amateurs de football du reste du monde n’étaient manifestement pas dérangés par les protestations et les contestations du monde occidental (comme en témoignent les stades pleins et la vie culturelle animée pendant et après les matchs), les intellectuels subalternes se sont retrouvés à devoir élaborer des réponses sensées à ces critiques.  Ce n’est pas que les critiques pro-migrants étaient dépourvues de véracité, mais il y avait un sens aigu de moralisation de la part de nos interlocuteurs occidentaux, qui empestait “l’hypocrisie la plus totale”, comme l’a décrit la personnalité médiatique britannique Pius Morgan.

La conversation culturelle sur le ton moral et constitutionnel du Qatar – en particulier les questions relatives aux minorités sexuelles – n’entre pas dans le cadre de cet essai.  Cet essai est plutôt axé sur les mémoires, les récits de vie et les biographies en général des travailleurs migrants, en particulier ceux qui viennent d’Afrique de l’Est, de la Corne de l’Afrique et d’Afrique centrale, qui me sont plus familiers. Mon intention n’est pas de fermer les yeux sur les mauvais traitements infligés par le Qatar à ses travailleurs ; je soutiens plutôt que le simple fait de documenter – même de manière exhaustive – le nombre de décès et les conditions dans lesquelles ils surviennent revient à raconter délibérément et intelligemment une demi-histoire.  Il existe des liens étroits et indéniables entre leur ultime mort au Qatar et (a) les voyages et (b) les conditions qui ont motivé leur déplacement (d’où l’étiquette de “travailleurs migrants” et non d’expatriés).  Et puis leur ultime mort. Tracer méticuleusement ces parcours et ces points exige non seulement de la rigueur journalistique ou universitaire, mais aussi de l’honnêteté et de l’empathie.  Il faut comprendre et reconnaître qu’un travailleur migrant meurt plusieurs fois, et a plusieurs tueurs : il meurt dans son pays d’origine – où il est structurellement et violemment déraciné -, il meurt ensuite au cours des voyages manifestement abusifs vers l’Europe ou le Moyen-Orient (même si ces voyages se font en avion), et enfin, il meurt (et peut être enterré ou avoir une chance de rester en vie) sur son lieu de travail à la destination finale, à cet ultime moment de leur mort – qui est le couronnement de leur déshumanisation – où leurs corps sont enfin sans vie et immergés dans le sol. Mais ils seraient morts de nombreuses fois avant ce moment.

Veuillez noter que dans ces nombreux moments de morbidité (déshumanisation, asservissement, exploitation, abus, restrictions frontalières, etc.), le tueur n’est pas une personne ou une entité, mais de nombreuses personnes au cœur dur, provenant de différents endroits, utilisant différentes méthodologies, toutes animées par un motif unique : l’exploitation et l’extraction.  Bien que certains tueurs soient structurels et fétichisés – soigneusement cachés de la vue du public – et puissent même sembler bienveillants envers leurs victimes, ils sont réels et dangereux, tout comme ceux qui sont ouvertement extractifs et violents, tels que les esclavagistes en route ou les profiteurs et les bailleurs de fonds des conflits violents sur le continent africain.

Selon le point de contact de l’agresseur avec le migrant (qui commence en tant qu’autochtone), les tueurs sont mus par deux ambitions extractives : (a) l’exploitation du travail du migrant, et (b) l’extraction des ressources du migrant, soit gratuitement, soit à un prix dérisoire.  Lorsque ces ressources sont encore dans leur pays d’origine sur le continent africain, les ressources de l’autochtone doivent être exploitées librement, à un prix insignifiant et souvent violemment.  Ceci aboutit souvent à la dépossession de l’autochtone qui devient un migrant. (Il importe de noter que toutes les dépossessions ne sont pas ouvertement violentes. Et c’est là que le bât blesse : parce que cette violence est fétichisée, structurelle, au point que la victime pourrait même être indemnisée au taux du marché).  En cours de route, c’est le corps des migrants qui devient la cible, ce qui revient au même si le contact est établi dans leurs destinations finales.  Ainsi, tous ces moments difficiles vécus par la victime aux mains de son agresseur et les nombreux décès, doivent être pris en compte dans le récit des vies troublées des travailleurs migrants morts.

Kampala

Depuis 2010 au moins, il ne se passe pas un mois sans que les médias sociaux et traditionnels de Kampala ne diffusent une vidéo montrant un travailleur migrant au Moyen-Orient en train d’être torturé par ses employeurs souvent abusifs, ou souffrant d’une maladie liée au travail que ses employeurs ont refusé de soigner.  Dans certains cas encore plus sinistres, les vidéos annoncent la mort d’un collègue décédé dans des circonstances peu claires, tandis que d’autres présentent des appels directs à l’aide sous forme d’évacuation.  Cette situation s’est encore aggravée au cours des trois dernières années.  Et contre ce mauvais traitement des travailleurs migrants/domestiques au Moyen-Orient, l’opposition ougandaise s’est donnée pour mission d’évacuer certaines de ces personnes manifestement maltraitées vers l’Ouganda.  50 d’entre elles rentreront dans le pays par le seul aéroport international de l’Ouganda, à Entebbe, et elles croiseront le chemin de 500 autres, qui attendent dans le hall d’embarquement de se rendre à la même destination que celle d’où proviennent les 50 personnes rapatriées. Pourquoi en est-il ainsi ?  Et qu’est-ce que cela nous apprend ?  C’est pourquoi le président du principal parti d’opposition du pays, la Plateforme pour l’unité nationale (NUP), M. Robert Kyagulanyi, est souvent confronté à la question suivante : après avoir évacué ces filles, les avoir ramenées avec succès dans leur pays, quelle est la promesse de leur retour ? Car si elles sont parties en raison des conditions matérielles dans lesquelles elles ont péniblement gagné leur vie, qu’est-ce qui justifie leur retour ? Considérez le fait que plus de 24 000 Ougandais cherchent un emploi au Moyen-Orient chaque année – et cela depuis 10 ans ! Mais ce n’est pas à M. Robert Kyagulanyi de résoudre ce problème, il s’agit plutôt d’un problème régional, c’est la condition africaine qui résulte du penchant euro-américain pour l’accumulation de dépouillement.

Ce dont vous êtes témoins ici est une situation que l’adage africain “binsobede eka ne mukibira”, résume succinctement. Il signifie en luganda que “la vie est devenue difficile à la maison et dans les bois”, l’équivalent français d’être “pris entre le marteau et l’enclume”. Il n’y a pas d’endroit où se tourner pour le natif/immigrant africain ; il est encerclé. Il est condamné s’il reste sur le continent, et également condamné s’il décide de quitter le continent.  Le Dr Abdul-Raheem Tajudeen, érudit panafricaniste, a bien résumé cette situation lorsqu’il a prononcé le discours d’ouverture d’une conférence à Nairobi.  Il a commencé son discours en renversant nos sensibilités actuelles sur l’esclavage et le commerce des esclaves : “Si un navire accoste au port de Mombasa, portant clairement la mention “Transport d’esclaves vers l’Amérique et l’Europe”, nous serons tous choqués par la longue bataille des Africains qui se bousculent pour monter sur ce navire – vers l’esclavage”. Cette déclaration du panafricaniste accompli a suscité un grand nombre de rires aux éclat de la part de l’auditoire, ce qui indique une approbation sans réserve de ce que Tajudeen avait dit.  Mais pourquoi cela serait-il vrai dans des pays indépendants dotés d’innombrables programmes visant à sortir leur population de la pénurie et de la misère ?

Hargeisa

Au cours de mon travail de terrain en tant qu’étudiant de 3ème cycle au Somaliland en 2015, je me souviens de manière frappante avoir été témoin d’une épidémie touchant des jeunes déterminés à faire les dangereux voyages à travers la Méditerranée en passant par la Libye jusqu’en Europe à la recherche d’une vie meilleure. Les magasins d’esclaves en Libye et la mort de migrants traversant la Méditerranée vers l’Europe ayant fait l’objet d’une grande « publicité »,  des campagnes ont été menées au Somaliland (et dans presque tous les territoires somaliens) pour encourager les jeunes hommes et les jeunes femmes à ne plus risquer ces longs et pénibles voyages vers l’Europe et l’Amérique du Nord.  Le Tahrib, comme on l’appelle, était un sujet de discussion majeur à Hargeisa, et l’est encore aujourd’hui. Les personnes de la diaspora en provenance d’Europe ou d’Amérique du Nord, qui venaient de rentrer au Somaliland ou qui étaient simplement en visite, suppliaient leurs compatriotes locaux de ne pas faire ces voyages car l’herbe n’était pas plus verte en Europe ou au Moyen-Orient, et ne valait pas le traumatisme et le sacrifice en haute mer. Ces personnes enthousiastes et bien intentionnées étaient souvent confrontées à une triple reponse solide: (a) une question directe, “que me reste-t-il d’autre ici ?” (b) une question rhétorique, “et vous, comment avez-vous fait pour vous en sortir?” et (c) une déclaration philosophique, “à chacun son jour de chance (même pour les chiens)”.  Ainsi, Tahrib est devenu imparable dans le sens où un sentiment aigu de précarité, d’absence et de manque dans la terre natale (manque d’opportunités, d’avenir, de croissance, de certitude), a été accentué par l’apparition des personnes qui rentraient.  Elles semblaient normalement bien habillées, bien nourries, bien informées, avec des gadgets électroniques plus sophistiqués, et fréquentaient des lieux de rencontre plus aisés. Elles ne pouvaient donc pas convaincre leurs auditeurs locaux que l’herbe n’était pas plus verte de l’autre côté. (Pour une discussion approfondie de ce sentiment de perte, voir le livre merveilleusement documenté de Nimo-Ilhan Ali, Going on Tahrib).

L’image qui se dégage n’est pas que les Africains aiment simplement aller en Europe, au Moyen-Orient ou en Amérique du Nord, pour profiter des beaux styles de vie ou qu’ils préfèrent travailler à l’étranger plutôt que chez eux.  En dépit d’un style de vie fortement nomade dans certaines parties du continent, aucun Africain (ce qui est vrai de tous les humains) n’a envie de laisser derrière lui sa famille (ses belles femmes et ses enfants), ses réseaux sociaux, son écosystème d’amitiés et de bien-être, de braver l’embarras d’apprendre de nouvelles traditions et de nouvelles langues à un âge avancé, s’il n’y avait pas des conditions hostiles chez lui.  Personne n’est content de braver le racisme aveuglant des pays à majorité blanche, y compris au Moyen-Orient.  En toute justice – et je ne dis pas cela par pur panafricanisme – l’Afrique est un paradis par rapport au reste du monde.  Je ne parle pas juste du beau temps, d’un soleil doux toute l’année ou des abondantes ressources naturelles et marines. Ce n’est pas seulement les gens et leurs joyeuses traditions – qui sont encore assez peu touchés par l’individualisme capitaliste et les corruptions. C’est tout cela et le fait que l’on puisse vivre en harmonie absolue avec l’environnement.  Vous voyez, même avec la violence et l’agressivité de l’industrie des OGM sur le continent, la plupart des aliments sont encore biologiques, et leur goût reste inégalé. Quitter cette félicité pour les hivers extrêmement froids, les étés brûlants, et le racisme froid et chaud de l’Europe ou du Moyen-Orient, sans contrainte, serait de la folie. Mais les conditions chez nous – la précarité, le manque et l’absence – font qu’il est extrêmement difficile pour les Africains de rester chez eux.

L’explication facile, souvent régurgitée, est que les Africains, en particulier leurs dirigeants, ont été incapables de transformer les ressources que Dieu leur a données en investissements significatifs pour l’avenir.  Les allégations de corruption africaine, de paresse africaine, d’incapacité des Africains à créer des institutions inondent la plupart des publications sur la pauvreté et la précarité en Afrique.  Il existe un nouveau groupe d‘”intellectuels de l’empire”, dans les médias, les universités et les commentateurs influents, qui font carrière en tournant en dérision et en stéréotypant la condition africaine.  Ils sont obsédés par l’étude et l’établissement de liens entre la pauvreté, la précarité et la migration des Africains et les dirigeants africains. Ainsi, les livres, les bulletins d’information et les analyses sur “l’autoritarisme africain”, les “monstres africains” (et son prétendument bel opposé, la démocratie) sont des termes courants lorsqu’on parle de la pauvreté et de la précarité en Afrique.  Le piège est que ces analyses font porter la responsabilité de tout le désordre africain sur la tête et les épaules des Africains, et plus particulièrement des dirigeants.  Et malheureusement, les Africains ont été aveuglés par le désordre dont ils sont réellement témoins et par le train de vie exorbitants et luxueux de leurs dirigeants.  Mais tout cela n’est qu’une distraction. C’est un non-sens.

Bien que je ne cherche pas à minimiser l’action et la contribution des Africains eux-mêmes, et de leurs dirigeants, j’affirme, sans rire, que la condition africaine – et donc le désir sans fin de voyager vers l’esclavage au Moyen-Orient, en Europe ou en Amérique du Nord – est l’histoire de la longue durée de l’Euro-Amérique sur le continent africain.  Par conséquent, se concentrer sur les vies brisées des travailleurs immigrés au Qatar – comme emblématique du Moyen-Orient – revient à raconter avec tact une partie de l’histoire.  S’il n’y avait pas les malheurs de l’empire euro-américain, qui continue structurellement et directement à déposséder les autochtones, aucun autochtone n’accepterait de faire ces voyages pénibles et de mener des vies tout aussi moches dans leur destination finale, que ce soit par avion ou par bateau.

Ruines de l’Euro-Amérique en Afrique

Dans plusieurs essais (voir ici, ici, et ici), j’ai écrit sur le contrôle impérial continu du continent africain par l’Euro-Amérique.  Il existe de nombreuses chroniques sur cette exploitation continue du continent, rédigées par des universitaires actuels et anciens, tels que Kwame Nkrumah, Walter Rodney, Ali Mazrui, Samir Amin, Archie Mafeje, Ezra Suruma, Sam Moyo, Dambisa  Moyo et plus récemment Pigeaud et Samba Sylla parmi tant d’autres.  L’histoire commence par des mesures apparemment bienveillantes telles que l’aide étrangère, l’insistance sur la démocratie (qui est en fait “diviser pour mieux régner”), jusqu’à des idées clairement violentes telles que les programmes d’ajustement structurel (un cas absolu de deux poids, deux mesures puisque la même chose ne s’applique pas à l’Europe et à l’Amérique du Nord), en passant par des choses comme le soutien militaire, comme en témoignent récemment les “sommets de marionnettes” Afrique-Amérique, Afrique-France, Afrique-Russie, où les dirigeants africains sont trimballés comme des écoliers avant d’être subtilement – et parfois ouvertement – harcelés, menacés, conditionnés et hypnotisés pour signer des contrats qui hypothèquent des pays entiers.   L’ajustement structurel ou la privatisation n’ont malheureusement fait qu’ouvrir les économies africaines naissantes aux capitalistes internationaux, qu’il s’agisse de banques, de télécoms, de distributeurs d’électricité ou de géants miniers, tout en ruinant les biens publics et les industries de services qui étaient inintéressants, non rentables pour les capitalistes privés venant de l’étranger.

Une étude récente de Jason Hickel, Dylan Sullivan et Huzaifa Zoomkawala évalue ce pillage à 152 000 milliards de dollars entre 1960 et 2018 sous forme de perte de croissance et d’échanges inégaux.  Ces chercheurs, un anthropologue économique et un analyste de données ont noté que,

Le Nord mondial (les “économies avancées”) s’est approprié des produits de base du Sud d’une valeur de 2 200 milliards de dollars aux prix du Nord, soit suffisamment pour mettre fin à l’extrême pauvreté plus de 15 fois.  Sur l’ensemble de la période, la ponction sur le Sud a atteint 62 000 milliards de dollars (en dollars constants de 2011), ou 152 000 milliards de dollars si l’on tient compte de la perte de croissance.

Ces chiffres sont stupéfiants. Si l’économie américaine (peut-être la plus grande du monde) ne représente que 25 000 milliards de dollars, considérez la perte, qui équivaut à six fois l’économie des États-Unis.  Cette perte se traduit par des conditions sans fin de précarité, de manque et d’absence, sans fin en vue. C’est le message qui a été férocement articulé par le Premier ministre italien, Georgia Meloni, qui a fait valoir que les voyages d’Africains vers l’Europe via son pays sont le produit direct du contrôle colonial français continu et direct de 14 pays d’Afrique occidentale.

Si 70 % des produits consommés en Europe et en Amérique du Nord proviennent d’anciens lieux colonisés, extraits dans des conditions violentes ou dans le cadre d’échanges inégaux, vous avez créé un réservoir d’autochtones conditionnés à l’émigration à tout prix. Parce qu’ils lisent les nouvelles, regardent les films, et voient leurs compatriotes revenir d’Europe. Même s’ils ne l’expriment pas succinctement, ils savent qu’une grande partie de ce qu’ils voient en Europe et en Amérique du Nord provient de leur pays. Comme le souligne l’étude, ces ressources volées sont capables de “mettre fin à l’extrême pauvreté plus de 15 fois “. Mais le problème est que ces ressources sont astucieusement volées et emmenées en Europe et en Amérique du Nord.

En conclusion, il est absurde, peu empathique et moralisateur de raconter l’histoire d’un immigrant mort uniquement sur le lieu de son décès et d’en imputer la responsabilité aux conditions dans lesquelles il a trouvé la mort. Cette histoire est peut-être complexe, mais facilement traçable.  Ce ne sont pas seulement les Africains qui bravent la haute mer vers l’Europe et l’Amérique du Nord qui incarnent la douleur de la dislocation par l’Euro-Amérique, mais aussi les jeunes hommes et femmes qui font la queue dans les aéroports pour travailler dans les relations d’esclavage au Moyen-Orient. C’est pourquoi, lorsqu’ils se déplacent, ils ne sont pas appelés “expats” – comme les autres demandeurs d’emploi qui quittent l’Europe et l’Amérique du Nord pour d’autres parties du monde. Ce n’est pas parce qu’ils ne possèdent pas de “compétences spécialisées” (ce qui est en soi une construction coloniale), mais parce que les conditions dans lesquelles ils se déplacent les ont déshumanisés auparavant.  Cette déshumanisation devient leur identité, l’étiquette sous laquelle ils se déplacent, et sont donc nommés et traités.  Par conséquent, dans la mort, leur histoire devrait être racontée de manière plus explicite, plus empathique et plus honnête – comme le mort-vivant que l’on descend finalement dans le sol.

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