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Le KIFC présente la Fintech ; les acteurs africains réclament l’harmonisation des réglementations

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Le Rwanda vient d’accueillir le Forum international phare sur la technologie financière organisé par le Centre financier international de Kigali (KIFC).  Plus de 3 000 délégués du monde entier, notamment des investisseurs, des innovateurs et des décideurs politiques, ont participé à l’évènement.  L’objectif du forum était de favoriser un dialogue ouvert entre les secteurs public et privé afin de faire progresser la FinTech (technologie financière) dans l’économie numérique. Les Africains sont invités à tirer parti du paysage Fintech qui ne cesse de se développer sur le continent.

Lorsque la plupart des gens pensent à la technologie financière en Afrique, c’est MPesa qui vient à l’esprit. C’est un service révolutionnaire de transfert d’argent par téléphone portable lancé au Kenya en 2007. Au-delà de cela, l’industrie Fintech africaine s’est développée à pas de géant, avec des licornes telles que Chipper Cash et Flutterwave, évaluées respectivement à 2,2 et 3 milliards de dollars, toutes deux opérant sur le continent.

Cet événement a offert aux innovateurs une occasion unique de discuter avec les décideurs politiques de l’optimisation de l’innovation, de la facilité de faire des affaires et de l’expansion sur le continent.

S’exprimant en marge de l’évènement, le PDG de Flutterwave, Olugbenga Agboola, a déclaré que l’un des principaux objectifs de la conférence était d’insister sur la nécessité d’harmoniser la réglementation en matière de fintech sur l’ensemble du continent.

Avant l’introduction en bourse très attendue de Flutterwave, M. Agboola s’est attaché à satisfaire ses clients, à rationaliser la prestation de services, à s’étendre à d’autres pays et à acquérir des licences. À cet effet, Flutterwave s’est implanté au Rwanda en mars, en acquérant trois licences d’exploitation. L’ironie de la chose, c’est que l’entreprise est déjà présente au Kenya et en Tanzanie, mais qu’elle avait besoin de licences distinctes pour s’implanter dans un autre pays d’Afrique de l’Est.

Bien que les régulateurs et les décideurs politiques assouplissent leur position à l’égard des Fintech, il reste un long chemin à parcourir pour créer un environnement propice. Par exemple, les banques centrales d’Afrique du Sud, du Kenya, du Ghana et du Nigeria ont lancé des  bacs à sable des technologies financières  – qui permettent aux start-ups (jeunes entreprises récemment créées) et aux initiatives basées sur la fintech de mener des expériences “en direct” sous supervision réglementaire.

Depuis 2015, on assiste également à une mise à jour progressive des exigences en matière d’octroi de licences et à la mise en œuvre de lignes directrices et de réglementations numériques.

Cependant, il y a encore du travail à faire. Lors d’une discussion informelle organisee  dans le  cadre du dialogue entre le capital et la politique, John Rwangombwa, gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, et Ravi Menon, directeur général de l’Autorité monétaire de Singapour, ont souligné que le manque d’alignement réglementaire était un défi majeur pour l’expansion, non seulement du secteur des technologies financières, mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME) dans leur ensemble.

Selon le rapport McKinsey Fintech en Afrique – la fin du début, 65 % des Africains sont non bancarisés ou sous-bancarisés. En outre, l’argent liquide est toujours roi, les transactions numériques ne représentant que 5 %. En Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Tanzanie, en Ouganda et au Nigeria, plus de 40 % de la population n’a pas d’identification formelle. En outre, la pénétration de l’internet dans ces pays était inférieure à 50 % en 2020 et les infrastructures de paiement sont limitées.

La capacité des startups Fintech à créer facilement des entreprises à travers le continent permettra d’attirer la population non bancarisée et de lui donner accès au secteur financier et à ses avantages. En effet, le rapport McKinsey révèle que les solutions de transaction Fintech peuvent être jusqu’à 80 % moins chères. Les FinTech peuvent également débloquer le potentiel des comptes d’épargne avec des intérêts jusqu’à trois fois plus élevés que ceux fournis par les acteurs traditionnels tels que les banques. Des innovations, telles que le prêt numérique, permettent l’accès au crédit à une population exclue du système bancaire formel en raison d’un manque de garanties. Cela libère des revenus pour les petites entreprises. À ce jour, ces solutions ont permis de combler un déficit financier de plus de 400 millions de dollars.  En outre, les communautés de la diaspora faciliteront l’envoi d’argent au pays, car le coût des transferts de fonds pourrait être jusqu’à six fois moins élevé.

Avec l’arrivée à maturité de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine, la Fintech pourrait accélérer le rythme de sa prise de forme. Selon un rapport du Fonds Monétaire International de 2019 sur la Fintech en Afrique subsaharienne, un système de paiement bien fonctionnel est indispensable pour réduire les coûts d’échange des biens et des services dans l’économie. En effet, le coût des envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne est le plus élevé au niveau mondial, largement influencé par la nature oligopolistique du secteur bancaire, la faible intégration régionale et financière, ainsi que l’existence de multiples devises et de systèmes de paiement inefficaces pour les paiements transfrontaliers intra-africains.

Certaines des innovations financières pourraient être appliquées au secteur fiscal afin d’améliorer l’efficacité de l’interaction entre l’État et les citoyens. Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, la collecte efficace des impôts et la prestation de services publics et de dépenses sociales constituent un défi persistant. Par exemple, des estimations suggèrent que la numérisation des paiements publics pourrait créer une valeur d’environ 1 % du PIB pour la plupart des pays.

Le potentiel du secteur peut être attesté par l’augmentation des investissements sur le continent. Selon le rapport McKinsey, le financement des entreprises FinTech en Afrique a atteint le niveau record de 131,5 milliards de dollars en 2021. En outre, le nombre de licornes de la FinTech a atteint 235, dont 34 seulement nées au quatrième trimestre de 2021. Malgré le ralentissement économique mondial, l’enthousiasme pour la Fintech ne cesse de croître, comme en témoigne le Forum international de la Fintech qui a attiré des investisseurs privés disposant de 3 milliards de dollars à investir,  ainsi que des partenariats public-privé offrant 500 millions de dollars à gagner.

Jean-Marie Kanarura, directeur des investissements au Centre financier international de Kigali, explique que la première série de conversations entre investisseurs et innovateurs a eu lieu lors de la conférence. D’autres séries auront lieu prochainement et permettront à certaines entreprises africaines de fintech de bénéficier de financements.

Au-delà de l’accès au capital, Jean-Marie souligne également qu’un écosystème continental est nécessaire pour propulse la croissance de la fintech à travers le continent. Jean-Marie affirme que le développement et la rétention des talents sont importants pour faire progresser l’industrie. En outre, les barrières réglementaires telles que les bureaucraties gouvernementales devraient être éliminées. Il souligne que la numérisation de certaines fonctions gouvernementales permet aux investisseurs d’enregistrer leurs entreprises en seulement six heures au Rwanda. Le pays s’efforce non seulement d’accélérer le processus d’acquisition des licences, mais aussi d’harmoniser la réglementation avec les pays partenaires du continent.

En présence du président du Rwanda, Son Excellence Paul Kagame, et du président de la Zambie, Son Excellence Hakainde Hichilema, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum international de la Fintech, les discussions ont été largement axée sur la contribution de la Fintech à la croissance économique.

“La technologie financière et l’accès au financement, au capital, sont d’une importance capitale dans notre quête d’une croissance économique et sociale accélérée, afin que nous puissions prendre soin de nos populations”, a déclaré  le président Hichilema. Il a conclu ses observations en soulignant le rôle des décideurs politiques dans la mise en place d’un écosystème prospère, “il est de notre devoir de soutenir les jeunes entrepreneurs (et) les innovateurs”.

Reconnaissant l’importance du sujet, le président Kagame a souligné que “les FinTech accélèrent la transformation numérique de l’Afrique et l’impact est évident”, tout en notant l’importance d’assurer l’inclusivité dans le développement du secteur : “L’économie numérique n’est pas un jeu à somme nulle. Tout le monde doit en profiter. C’est pourquoi nous devons faire davantage pour que les femmes participent plus activement à l’espace FinTech”.

Le marché des services financiers en Afrique connaît une évolution structurelle et pourrait croître d’environ 10 % par an, pour atteindre environ 230 milliards de dollars de revenus d’ici 2025. Les acteurs de la FinTech tirent parti de ce marché en expansion et, en tant qu’industrie de start-ups à la croissance la plus rapide en Afrique, les revenus de la FinTech pourraient être multipliés par 8 pour atteindre 30 milliards de dollars d’ici 2025.

 

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